Conditionnel suffisant et conditionnel nécessaire : étude franco-chinoise
Jing SHAO, Maîtresse de Conférences, Université d'Alsace, Laboratoire CHArt, France
Selon la version faible de la relativité linguistique, également appelée hypothèse Sapir-Whorf, les caractéristiques de la langue maternelle d'un individu influencent sa vision du monde et sa perception. Nous avons décidé de tester cette hypothèse sur le conditionnel suffisant et le conditionnel nécessaire, exprimés différemment en chinois et en français. En chinois, les connecteurs pour les deux conditionnels existent et sont utilisés dans la vie quotidienne, alors qu'il n'existe qu'un connecteur pour le conditionnel suffisant en français. Une première hypothèse découle de la relativité linguistique : pour le conditionnel nécessaire, on s'attend à une meilleure performance logique chez les participants chinois que chez les participants français. Comme deuxième hypothèse, pour tous les participants, nous nous attendons à ce que les performances sur le conditionnel suffisant soient meilleures que sur le conditionnel nécessaire. En effet, malgré l'isomorphisme des deux conditionnels, ils diffèrent dans la manière de traiter l'information pour le raisonnement. Nous avons décidé d'étudier le raisonnement dans l'incertitude car il reflète plus fidèlement la réalité. Pour ce faire, nous avons analysé la cohérence des participants en utilisant la théorie de de Finetti pour la déduction sous incertitude. Les résultats de notre étude ne montrent aucune différence significative de performance entre les participants chinois et français, ni sur le conditionnel suffisant, ni sur le conditionnel nécessaire. Ainsi, notre première hypothèse dérivée de la version faible de la relativité linguistique n'est pas confirmée. En revanche, nos résultats confirment la deuxième hypothèse dans deux schémas d'inférence sur trois.